Entreprendre dans la presse, c’est possible. Camille a créé Tortuga Magazine, un média qui invite à prendre le temps de digérer et comprendre l’information.

Alors que les sujets d’actualité défilent à tout bout de champ via les chaînes d’information en continu ou les réseaux sociaux, prendre le temps de comprendre, analyser, décortiquer l’information est devenu une nécessité.

C’est dans cette logique que Camille Cohignac a créé Tortuga en septembre 2014. À seulement 23 ans, cette jeune journaliste a mis sur pied ce webzine qui explique les sujets d’actualité pour mieux en débattre. Aujourd’hui, Tortuga compte à son bord trois rédacteurs (pour le moment !). Rencontre avec cette jeune entrepreneuse qui jongle entre ses cours en Master Web éditorial et son rôle de chef d’entreprise.

Tortuga Magazine, c’est quoi exactement ?

Tortuga est un magazine en ligne qui prend du recul sur l’actualité pour l’expliquer. Nous partons du principe que pour débattre des sujets qui nous concernent, il faut d’abord les comprendre ! Alors chaque semaine on prend le temps d’expliquer un sujet d’actualité et on met à disposition un espace pour que les lecteurs puissent en débattre.

Quand et comment est venue l’idée de créer ce média ?

J’ai toujours été attirée par l’écriture et par le monde qui m’entoure. Je suis très curieuse et touche-à-tout. J’ai créé mon premier magazine en primaire ! Puis au collège et au lycée, je faisais partie du journal de l’établissement et à la fac j’ai créé un magazine étudiant. En faire une entreprise est un peu la suite logique de mon histoire, disons !

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Tes études t’ont-elles aidée à concrétiser ton projet ?

Je n’ai pas fait d’école de journalisme. J’ai suivi un cursus en droit et mon activité associative militante a largement contribué à ma culture politique et sociétale.

J’ai continué sur un Master Web éditorial pour acquérir une culture numérique qui me manquait pour constituer mon propre média en ligne. Le Master m’a vraiment permis de concrétiser le projet. J’y ai acquis les compétences techniques et culturelles pour développer le site et aller au bout de mon projet.

« J’ai finalement compris qu’à 23 ans je ne risquais pas grand-chose ».

Quel a été le déclic pour créer ton entreprise ?

La création d’une entreprise amène toujours de la peur et des interrogations. J’ai finalement compris qu’à 23 ans je ne risquais pas grand-chose. Au mieux, je pouvais vivre de ma passion. Au pire, je trouvais du travail dans le journalisme. Finalement, il suffit de se lancer.

Comment as-tu défini le modèle économique de Tortuga ?

C’est le plus compliqué ! On aimerait au maximum éviter de diffuser de la publicité pour générer du revenu. Alors nous avons mis en place un système d’abonnement.

N’as-tu pas peur que cela soit un frein ?

Cela sera sûrement un frein, mais notre seule ambition est le plaisir de faire vivre notre média ! Il est vrai que c’est un pari risqué avec toute la presse gratuite présente sur le web, mais de plus en plus de médias ont fait le choix de refuser la publicité et ça fonctionne. On peut citer le plus important Médiapart mais aussi Le Quatre heures. De plus en plus de nouveaux médias se créent sur ce système.

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C’est quoi le profil d’un rédacteur qui travaille pour Tortuga ?

Le rédacteur de Tortuga doit être très curieux et constamment au courant de l’actualité. Le but de notre magazine étant d’expliquer l’actualité, sa plus grande qualité sera de toujours se dire que tout n’est pas une évidence.

Il aura des connaissances que tout le monde n’a pas, même au sein de la rédaction. Mais il doit aussi trouver les limites de la vulgarisation. Trop de simplification peut mener à l’amalgame !

Une journée chez Tortuga, ça ressemble à quoi ?

Ah ! Aucune journée ne se ressemble et ça, c’est formidable. Nous produisons chaque jour des articles différents en plus du dossier. Donc c’est chaque jour de nouvelles découvertes ainsi que de nouvelles choses assimilées. C’est passionnant !

Mais si on devait dresser une journée type, je dirais qu’il y a d’abord la veille pour se tenir au courant de l’actualité. Ensuite, il faut échanger au maximum avec les gens, parler autour de soi, à la machine à café, à la pause midi ou en terrasse. C’est comme ça que l’on se rend compte des sujets qui appellent vraiment explication ! Le reste change tous les jours entre les formalités administratives, les rendez-vous, la réflexion sur les nouveaux médias.

« Aucune journée ne se ressemble, et ça, c’est formidable ».

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As-tu rencontré des difficultés lors de la création de Tortuga ?

Il y en a eu à la pelle et j’ai été découragée plusieurs fois, je dois bien l’admettre. Entre l’argent qu’il faut avancer pour les formalités, les portes claquées et les personnes qui essayent de nous dissuader. Le fait d’être étudiante m’a à la fois aidée, car je ne risquais pas grand-chose et a aussi été un gros frein. La jeunesse ne rassure pas toujours. Je lisais dans les yeux de beaucoup de personnes « jeune fille, 23 ans : elle n’est pas sérieuse ».

Quelles sont tes ambitions à long terme avec Tortuga ?

Un jour j’espère qu’on pourra en vivre. Mais surtout, j’aimerais que Tortuga permette à des personnes de se sentir impliquées dans le monde qui les entoure !

“Des difficultés, il y en a eu à la pelle et j’ai été découragée plusieurs fois, je dois bien l’admettre”.

Quelles sont, selon toi, les qualités d’un entrepreneur ?

Je dirais qu’il faut être patient et surtout être convaincu que son projet est le bon. Même si certains vont essayer de prouver le contraire. Par contre, il faut être capable de prendre chaque critique comme un pas en avant. Ne pas tuer le bébé, mais l’aider à grandir !

Des conseils pour ceux qui souhaiteraient créer leur entreprise ?

Oser se lancer ! Les risques ne sont que matériels après tout ! C’est une super aventure, on acquiert des compétences et du bon sens. Mais surtout, il faut garder la pêche !

« Il faut être capable de prendre chaque critique comme un pas en avant ».

Que peut-on te souhaiter, mis à part la réussite et le succès de Tortuga ?

De pouvoir recruter de nouveaux journalistes très bientôt !

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